Quiquerez n’a que 23 ans lorsqu’il écrit La haine éteinte. Histoire des Seigneurs de Sogren [Soyhières] et de Vorbourg au XIIe siècle (qui sera édité, en 1995 seulement, par la Société des Amis du Château de Soyhières). Dans ce roman, purement fantaisiste et sans fondement historique, il reflète les courants de pensée de son temps. Progressiste, libéral et dénigrant la féodalité, il demeure curieux du Moyen Age et de ses ruines.
Il reproduit dans ce texte plusieurs styles du genre «troubadour», avec des moeurs amoureuses et un idéal chevaleresque à la manière de Walter Scott, dans un cadre de châteaux recelant souterrains et prisons secrets. Par la suite, Quiquerez se rapproche du roman historique, avec Bourquard d’Asuel et Jean de Vienne. En 1877 enfin, il écrit Traditions et légendes du Jura.
Mémoires d’un fantaisiste
«Depuis assez longtemps, j’avais remarqué que le donjon abandonnée de notre château [du Vorbourg] était fréquenté et peut-être habité par un être mystérieux ; plus d’une fois j’avais entendu une voix sortir du bâtiment et chanter quelques couplets d’une romance que j’ai retenue et que je me plais encore à répéter. Je dis à mon père la remarque que j’avais faite, mais il jeta sur moi un regard sévère et me défendit d’approcher du donjon sous peine d’encourir sa disgrâce. Cette défense, loin de m’empêcher d’approcher de la tour, m’inspira au contraire le désir de connaître le mystère qu’elle renfermait et presque chaque soir je me rendais sur le haut d’un sapin placé près de la tour, et de là j’écoutais la voix plaintive que les gens du château appelaient le revenant et dont ils avaient une extrême frayeur.»
(tiré de La Haine éteinte, p. 70, roman d’Auguste Quiquerez, édité en 1995 seulement)
